Mart Stam

Portrait de Mart Stam, architecte et designer Hollandais du mouvement Moderne

Biographie courte

Qui est Mart Stam ?

Mart Stam est un architecte et urbaniste Néerlandais du mouvement Moderne.
Né en 1899 aux Pays-Bas et mort en 1986 en Suisse, il voyage beaucoup durant sa carrière, travaillant sur des projets dont il exige une portée sociale importante.
Il est également connu pour avoir conçu quelques-unes des chaises les plus emblématiques du Bauhaus, dont certaines ont largement inspiré certains de ses confrères, et lui ont valu des conflits en justice.

Mart Stam du mouvement Moderne, proche du Bauhaus

Biographie détaillée

Jeunesse et débuts professionnels

Mart Stam, de son nom complet Martinus Adrianus Stam, naît le 5 août 1899 à Purmerend dans la région Est des Pays-Bas.
Il étudie dans une école de la ville, avant d’intégrer l’Ecole Royale des Hautes Etudes d’Amsterdam (la Rijksnormaalschool for Teekenonderwijzers) de 1917 à 1919, année où il sort diplômé de l’établissement.

Mart Stam entame sa vie professionnelle en tant que dessinateur dans un cabinet d’architecture à Rotterdam dirigé par Granpré Molière. Si ce dernier a une approche traditionaliste, bien différente de celle du jeune architecte, leur collaboration est riche et réussie. Il faut dire que déjà à cette époque, il affirme des convictions fortes, et déclare même que le rôle des architectes est de “changer le Monde” !
Peut-être est-ce cette ambition (voire cet idéalisme ?) qui plaît au directeur du cabinet, qui n’hésite pas à demander personnellement à Mart Stam de travailler au sein de son studio.

Séjour en prison et premier concours d’architecture

Pourtant, cette première expérience prend fin de manière soudaine.
Mart Stam refuse de s’engager dans l’armée pour faire son service militaire, ce qui est pourtant légalement obligatoire à cette époque. Il est donc condamné en 1920 à une peine de prison équivalente au temps qu’il aurait dû passer en service.
Il est libéré en 1922 et ne perd pas de temps : la même année, il participe à un concours d’architecture pour lequel il conçoit les plans d’infrastructure urbaine de la région de la Haye.
Un projet qui passionne le jeune architecte, qui y voit l’opportunité d’illustrer sa vision de l’architecture : utile, durable et sociale.

Début 1920, une carrière berlinoise en plein essor

A la fin de l’année 1922, Mart Stam déménage à Berlin, où il affine sa vision de l’architecture, et devient un partisan du mouvement de la “Nouvelle Objectivité” (Neue Sachlichkeit en Allemand).
Ce mouvement culturel pluridisciplinaire, inventé au lendemain de la première guerre mondiale par des artistes de Weimar, prône la sobriété dans l’esthétique et le choix des matériaux, et davantage de réalisme que les mouvements d’alors (notamment l’Art Nouveau).
Pendant près de trois ans, il s’enrichit à travers ses collaborations avec des architectes reconnus, comme son premier directeur Granpré Molière, To Van der Mey, El Lissitzky ou encore Max Taut.
Mart Stam réalise d’ailleurs son premier projet à grande échelle pour ce dernier, en dessinant le bâtiment de la Fédération Allemande des Syndicats à Düsseldorf.
L’architecte Hollandais démontre un talent certain et un style unique qui ressort clairement dans ses conceptions, comme par exemple le projet avorté de Wolkenbügel (littéralement “fer nuageux”), un gratte-ciel à contre-courant puisque l’effet de vertige n’était pas causé par sa hauteur, mais par sa largeur !

Mart Stam, portrait en noir et blanc

Les nouveaux terrains artistiques de Mart Stam à Zurich

Mart Stam s’installe à Zurich en 1924.
Créatif prolifique, il cofonde le magazine ABC Beiträge zum Bauen (littéralement “l’ABC des contributions à la construction” en Français) avec d’autres architectes prestigieux tels que El Lissitzky, Hans Wittwer, Emil Roth et le futur directeur de l’École du Bauhaus Hannes Meyer.

A cette époque, Mart Stam participe à la conception de l’usine de thé et café “Van Nelle” à Rotterdam, dans le pur style moderniste.
Pourtant, une ombre assombrit le tableau : un conflit sème le doute sur à qui revient la paternité du projet. Stam se voit malheureusement obligé de prendre congés du cabinet pour lequel il travaille.
Malheureusement pour le jeune architecte, ce n’est pas la seule affaire de ce genre qu’il rencontrera dans sa carrière…

Le retour de Mart Stam à Berlin et le concept de la chaise cantilever

Mart Stam revient donc vivre à Berlin, où il ne se laisse pas faire. Sa créativité débordante et sa grande intelligence sont ses meilleures armes, et il s’intéresse de plus en plus au mobilier. Qu’à cela ne tienne, l’architecte va également exceller dans ce domaine !
Mart Stam conçoit en effet un modèle de chaise inédit : la chaise cantilever.
Sa structure en porte-à-faux, composée d’acier tubulaire recourbé sur lui-même, permet à l’œuvre de tenir en équilibre sans pieds arrière.
Cette chaise illustre parfaitement les préceptes de la Nouvelle Objectivité : les matériaux sont très peu nombreux, l’esthétique simple, mettant en avant la structure plutôt que les détails décoratifs.
Fonctionnelle, durable, sobre… Une œuvre révolutionnaire qui surprend et ravit d’ailleurs d’autres designers… Jusqu’à venir aux oreilles des membres du Bauhaus.

Photo de Mart Stam prise par Ilse Bing en Allemagne
Lotte Stam-Beese et Mart Stam à la plage
Mart Stam jeune

L’affaire Mart Stam contre Marcel Breuer

En effet, Ludwig Mies van der Rohe prend rapidement connaissance de cette œuvre, et il partage son enthousiasme à Marcel Breuer.
Les deux designers dessinent alors des versions déclinées de la version d’origine de Mart Stam.

Seulement voilà : Mart Stam accuse Marcel Breuer de plagiat !
Et oui : si la majorité des sites de déco mentionne aujourd’hui quasi exclusivement la série de chaises de Breuer, Stam passe souvent aux oubliettes…
L’histoire est peu connue, mais les deux confrères se sont affrontés devant les tribunaux, arguant chacun être l’inventeur du concept, brevets à l’appui !
Mart Stam gagne finalement le brevet, et Marcel Breuer cède ses dessins à la maison Knoll.
Vous le saurez désormais : une même chaise fabriquée en Europe peut être attribuée à Mart Stam, tandis qu’elle l’est à Marcel Breuer aux Etats-Unis.

Après-guerre et projets de reconstruction

Mart Stam devient professeur de l’Akademie der Bildenden Künste Dresden (l’Académie des Beaux Arts de Dresden) en 1948.
Tout est à reconstruire après la terrible seconde guerre mondiale.
L’architecte recommande sans cesse une approche moderniste : des plans urbanistes réalistes, sobres, comme il les maîtrise.
Pourtant, l’opinion publique refuse ce projet : la majorité des citoyens rejettent son projet qu’ils trouvent inadéquat avec “l’identité de la ville”.

En 1950, Mart Stam devient directeur de l’institut Supérieur d’Art de Berlin, où il tient cette fonction pendant 3 ans.
Après un retour aux Pays-Bas, et plus précisément à Amsterdam en 1953, Stam et son épouse s’installent finalement en Suisse en 1966.
Il se retire de la vie publique, et meurt à Zurich 20 ans plus tard, à l’âge de 86 ans.

Il laisse derrière lui un héritage artistique extrêmement riche, tant de par ses œuvres architecturales ou mobilières, que par la vision de son Art.

Sources des images:
idesign.wiki
marta-herford.de
bauhauskooperation.com
cca.qc.ca
architectenweb.nl
frankfurter-personenlexikon.de