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Qui est Paul Iribe ?
Paul Iribe est un illustrateur, décorateur français du mouvement Art Déco. Il né le 8 juin 1883 à Angoulême et décède le 21 septembre 1935 à Roquebrune.
Véritable touche-à-tout, Paul Iribe a particulièrement marqué les milieux de la Mode et de la Presse.
Biographie de Paul Iribe
Paul Iribe naît au sein d’une famille aisée. En effet, son père, Jean-Jules Iribe, est ingénieur du cadre auxiliaire des travaux de l’Etat, et travaille pour le journal Le Temps, un quotidien généraliste très suivi à l’époque.
Paul Iribe avant l’Art Déco
Paul Iribe avant l’Art Déco
Paul Iribe est l’un des plus grands graphistes et illustrateurs du mouvement Art Déco, avec Leonetto Cappiello et Cassandre (Jean-Marie Mouron de son vrai nom). De par sa créativité débordante, il a véritablement ouvert la voie au mouvement Art Déco à travers ses nombreux métiers : réalisateur, affichistes, graphistes…
Mais en réalité, tout a commencé très simplement pour lui…
Les illustrations et caricatures de Paul Iribe
Paul Iribe est un véritable passionné de dessin.
Il étudie à la prestigieuse Ecole des Beaux-Arts, tout en s’essayant à l’illustration et la caricature de Presse.
Pour comprendre cet intérêt pour la caricature, il est important de se replacer dans le contexte de l’époque.
La caricature était alors un exercice prisé par les graphistes et illustrateurs en herbe, la presse papier battant son plein.
Paul Iribe vend ainsi son premier dessin dans la revue « Le Rire » en 1901. Il devient un dessinateur régulier pour d’autres revue, notamment le célèbre Frou-Frou, ou encore « Le Sourire », « Cocorico », « Le Rire » ou encore « L’Assiette au beurre ».
A partir de 1903, alors que Paul a 20 ans, ses créations se teintent de certains messages politiques. Il dessine pour des publications à tendance anarchistes, comme Le Canard Sauvage, La Révolte ou bien Les Temps Nouveaux. Il ne coupe pas pour autant les ponts avec les revues généralistes, et continue ainsi à travailler pour Le Rire en parallèle. Durant cette période, il signe ses publications sous différents pseudonymes : Crépin, George Maine ou Tobie Flip sont les plus connus. Paradoxalement, son grand ami Pierre Legrain (illustrateur et ébéniste du mouvement Art Déco), propose parfois ses propres illustrations sous le nom d’Iribe !
L’influence de Dagny Bjornson-Langen, et création de « Le Témoin »
A cette époque de prolifération artistique, Paul Iribe fait la rencontre de Dagny Bjornson-Langen, l’ex-épouse d’e l’éditeur allemand Albert Langen (qui possédait Simplicissimus, très célèbre pour ses caricatures).
Dagny est en admiration devant le travail de Paul, et l’encourage à aller toujours plus loin et sortir de sa zone de confort. Elle le soutient moralement, mais également financièrement.
En effet, elle l’aide à réaliser un projet ambitieux : en 1906, Paul créé « Le Témoin » un journal satirique à tendance nationaliste.
Ce journal est particulièrement novateur dans sa conception et sa réalisation : la typographie, les méthodes d’impression ou encore les illustrations en elles-mêmes sont à contre-pieds des normes de l’époque. Le Témoin est tiré jusqu’en 1910, puis de nouveau entre 1933 et 1935. Entre temps, il change de nom pour « Le Mot » en 1914 et 1915.
Paul Iribe et la Mode : rencontre avec Paul Poiret et le destin
En 1908, le grand couturier Paul Poiret demande à Paul Iribe de réaliser un ouvrage illustré sur ses créations. L’ouvrage, intitulé « Les Robes de Paul Poiret racontées par Paul Iribe » devient rapidement un modèle des catalogues de Mode. Réinventant complètement l’illustration de Mode, ce catalogue, dont les illustrations mais aussi la fabrication ont été gérées par Iribe, va inspirer des professionnels en dehors même du monde de l’illustration ou de la Mode. L’éditeur Lucien Vogel s’en inspirera pour revoir plusieurs de ses journaux. Même Paul Poiret utilisera cette référence pour challenger d’autres illustrateurs lors de projets ultérieurs.
Enthousiasmé par ce projet, Paul Iribe décide de diversifier ses créations. Associé à l’éditeur et dramaturge François Bernouard, il lance « Shéhérazade », sa première revue d’Art et de littérature en 1909 sous un format carré. Ensemble, ils nomment Jean Cocteau comme rédacteur en chef. Malheureusement, la revue cesse d’être publiée en 1911 après seulement 6 numéros. Paul Iribe collabore alors au Journal des dames et des modes pendant 2 ans.
Paul Iribe : la création de mobilier et l’apparition de l’Art Déco
Paul Iribe et les meubles : la consécration
En 1913, alors âgé de 30 ans, Paul devient décorateur d’intérieur, et créateur de meubles pour son ami Paul Poiret. Il propose également des meubles sur mesure à Jeanne Lanvin et Jacques Doucet.
A l’instar d’Eugène Printz, les meubles de Paul s’inspirent du design du XVIIIème siècle, et s’adressent à une clientèle élitiste et très fortunée. C’est notamment la raison pour laquelle il ouvre cette même année une boutique rue du Faubourg Saint-Honoré, qui regorge alors à cette époque d’atelier de décorateur et d’ébénisterie de luxe. Étonnamment, si les caricatures et illustration ont permis jusqu’ici à Paul Iribe de se construire un solide réseau dans son milieu, c’est véritablement son mobilier qui va le faire prospérer et briller à l’international.
A cette époque, Paul iribe fréquente la créatrice Gabrielle « Coco » Chanel. Elle lui permet d’agrandir son réseau, tandis qu’il participe à la conception de certains designs de produits de la marque. La légende raconte notamment qu’il serait à l’origine du design du flacon de parfum Arpège.
Bien que très marqué par le mouvement Art Nouveau, Paul remet constamment son approche en question. Ses meubles en sont finalement la plus belle illustration : sobres, raffinées, fonctionnels, ils seront les modèles emblématiques qui vont lancer le mouvement Art Déco. C’est le cas notamment de l’une de ses créations les plus célèbres : le fameux fauteuil Nautile en bois doré, don les accotoirs rappellent la forme d’un coquillage, tout en délicatesse.
En 1919, Paul Iribe s’envole pour les Etats-Unis afin de créer une agence de création artistique internationale.
Il est finalement embauché comme directeur artistique au sein de Famous Players-Lasky à Hollywood.
Progressivement, ses différentes missions l’amènent à travailler avec Cecil B. DeMille, un célèbre réalisateur et producteur Américain très en vogue à l’époque.
En tout, il participe à plus de 15 films, dont les « 11 commandements », au budget colossal qui remporte un énorme succès auprès du grand public. Malheureusement, Paul se fâche avec DeMille, et il décide revenir s’installer en France.
Paul Iribe : la création de mobilier et l’apparition de l’Art Déco
Le retour de Paul Iribe en France passe étonnamment assez inaperçu. Il se doit de reconquérir sa clientèle et réactiver son réseau.
Débordant de créativité, il décide d’étudier tous les champs des possibles des arts décoratifs, et ne plus se cantonner à l’illustration.
Il s’intéresse ainsi à des domaines variés, et propose de nombreuses créations Art Déco très géométriques : des bijoux (certaines bagues sont aujourd’hui présentées en salles des ventes), des tissus, mais également des cartes postales, du mobilier, des éventails, des livres…
L’un de ses dessins devient même un emblème du mouvement Art Déco : il s’agit de la fameuse « Rose de Paul Iribe ».
En parallèle, il travaille pour l’agence de publicité Walla & Draeger, et monte un atelier.
En 1933, il relance la publication de sa revue Le Témoin, qui perdurera jusqu’en 1935.
Fin de vie
Malheureusement pour Paul Iribe, tous ses projets exaltants sont avortés à cause d’une terrible inconnue. Lors d’une partie de tennis qu’il joue à Roquebrune (dans la villa de sa compagne Gabrielle Chanel), Paul est atteint d’une embolie fulgurante qui le terrasse sans qu’aucun soin ne puisse lui être apporté.
Si Paul Iribe est un artiste Art Déco méconnu du grand public, il demeure probablement l’un des plus grands illustrateurs de sa génération, et l’un des artistes les plus complets du début du Siècle. Nous lui devons l’avènement du mouvement Art Déco en France, la révolution de l’illustration de Mode et un formidable héritage de la caricature.